Première Pro : le projet d’équipe – Partie 1.

Last updated on 28 janvier 2023

Travailler en équipe sous Adobe Première Pro, c’est un dan de plus sur sa ceinture noire en montage. On s’imagine à 10 à Paris, Dubaï, Los Angeles et dans la périphérie de Pau sur Zoom, tous de sourire vêtu, ébloui d’épiphanie créative en train de se donner à fond.

-Vasy Bryan, met nous une couche d’étalonnage pendant que Patrick rajoute les effets sonores 5.1.
-Cela l’effectue Philippin, j’optimise les timelines et j’envoie l’export en broadcast direct en ProRes 4444

« T’es tellement magenta, bryan »

J’ai conduit deux projets à leurs termes en projet d’équipe, et je me rappelle avoir souri deux fois, la première fois de nervosité par une mauvaise manipulation, la seconde fois parce que l’autre monteur m’avait écrit une blague en commentaire après une 23e version d’un titrage. Mais je dois reconnaitre que j’ai été impressionné par l’efficacité du système qui m’avait l’air, à première vue (vous l’avez ?) d’une grosse usine à gaz. Devant la frustration de trouver une documentation claire et unifiée, j’ai décidé de me fait tuteur de mon expérience.

Petite note de l’auteur (c’est moi) : je vais exposer des principes que me sont totalement propre, peut être que vous n’allez rien apprendre ou parfois pester derrière votre écran des mots tels « mais il fait n’importe quoi ce type, j’aimerais savoir pour qui il arrive à bosser ». Tout ça est très personnel, c’est un blog, c’est le principe.

  1. Être rigoureux pour se faire des copains

Tous les apprentis monteurs que je côtoie ou les stagiaires que je forme ont  une peur panique de partager/ montrer leur timeline parce que chacun fait sa honteuse sauce. Et si la cuisine n’est pas nette, personne n’a envie de la reprendre derrière. À partir du moment où l’on partage le même travail, ça veut dire qu’on partage la même chambre, qu’il faut se mettre d’accord et parler la même langue. Cela permet que tout le monde se comprenne, ça évite les journées perdues, les craquages nerveux et les sacrifices humains inutiles.

Ce qu’il faut retenir c’est qu’une timeline est un document technique et donc que n’importe quel opérateur devrait pouvoir comprendre (modulo des efforts). Bien sûr chacun fait ce qu’il veut, mets des couleurs, des marques, tout est possible tant que ça reste intelligible. Et pour faciliter ça, il y a quand même quelques principes qui me paraissent de base :

  • Une bonne hiérarchisation des pistes vidéos : nommer les pistes en fonction de ce qu’on y trouvera classée par nécessité de superposition ( Itv, illustration, calques d’effets, titrages, etc.)
  • Une bonne hiérarchisation des pistes audios : nommer les pistes en fonction de ce qu’on y trouve, mettre les mêmes sources sur les mêmes pistes, faire des pistes uniquement bruitages, musiques, ambiances. Et surtout, ne pas céder a la flemme et croiser les pistes par manque de rigueur (comme dans ghostbuster, sauf que la vous sauvez un ingé son).
  • Renoncer une bonne fois pour toutes aux séquences imbriquées (d’ailleurs pour la vie, faut pas toucher, c’est comme le beurre sur les saucisses, ça parait une bonne idée comme ça, mais en fait non).

Et évidemment, c’est exactement la même chose pour le chutier. J’ai vu plusieurs méthodes de rangement des chutiers, j’imagine que la seule bonne façon, c’est la façon qui puisse être compréhensible. Personnellement, les dossiers dans la mienne ressemblent à ça :

  • 00.SEQUENCES
  • 01.MEDIAS
  • 02.HABILLAGE_AFTEREFFECT
  • 03.MUSIQUES_SONS
  • 04. EXPORTS
« oh qu’est bien organisé »

Avec les sous-dossiers évidemment qui agrègent les contenus, ce n’est probablement pas la meilleure, mais c’est ma préférée. Si votre co-monteur comprend entre deux cafés votre organisation, il sera content, et s’il est content, il ne va pas vous envoyer dix mails pour comprendre pourquoi vous avez mis un calque d’effet sur un titrage. Ça fera toujours 10 euros d’économisé sur Petit Bambou.

À noter que je fais la même organisation dans le dossier sur le disque dur. Simplement, le dossier 00 devient le dossier Adobe où est stocké le fichier projet. Sauf que dans le cas du projet d’équipe, il n’y a pas de fichier projet (#teasing).

« oh, mais c’est tout pareil que dans le chutier »

2 – Team Building fast and furious

De mon point de vue (c’est un blog hein, je donne mon point de vue, merci de me le demander), il faut dès le départ une organisation verticale. C’est-à-dire qu’il y a un monteur « master » et des monteur « secondaires ». Ce n’est pas parce que vous êtes secondaire que vous êtes moins bien, on a toujours cru en vous, sinon vous ne seriez pas là, si vous n’y croyez pas, il y a un programme à croire en soi sur petit bambou aussi.

C’est juste que, et vous allez le comprendre très vite, dans les projets d’équipe, on ne travaille que très rarement sur la même timeline. En fait, je le déconseille assez fortement même, et donc il faut qu’une personne seule ait la main sur la composition « master » et fasse manuellement les inserts depuis le travail des autres personnes. En soi, ça pourrait être même l’assistant monteur qui pourrait le faire, mais le plus important c’est que la timeline WIP (work in progress, restez concentré) ne soit gérée que par une personne.

Et c’est là mon premier vrai conseil de fonctionnement sur les projets d’équipe à savoir : chacun son bac à sable. Vous êtes le monteur B, vous recevez le projet du monteur A, immédiatement, vous vous créez un chutier à votre nom dans les dossiers de séquences, et vous dupliquez la dernière version « Master » sur laquelle vous allez travailler.

Bien sûr, c’est un flux de travail (oui un workflow) spécifique qui se négocie avec les autres opérateurs, et bien sûr, si vous vous mettez d’accord en temps réels, rien ne vous empêche d’opérer directement sur une timeline, mais ça doit se faire qu’entre adultes consentants.

Pour les chutiers, c’est pareil. On est entre gentlemen.woman, on ne supprime pas les médias de base du projet et on ne les déplace pas. Et si on rajoute des médias, on les met au propre dans un dossier qui porte son nom dans les mêmes normes que le reste du projet.

3 – Les médias

Avant de se lancer dans le dur (et je mords un peu sur la seconde partie), la question des médias doit se poser aussi en amont. Vous allez monter un projet avec des rushes, ils doivent se trouver quelque part. C’est l’épineuse question du partage : où et comment gère-t-on les rushs ?

De mon expérience actuelle, voilà ce qui m’a semblé être la meilleure approche. Adobe propose dans sa formule 100 go de Cloud, c’est évidemment insuffisant et pas très agréable pour tout faire dessus (même si on peut pour 10 euros en avoir 1To), donc je propose un fonctionnement hybride :

  • Les rush NATIFS doivent être transmis (rangés) sur un disque dur ou envoyé par internet (par exemple avec le service made in lyon : Smash )
  • Créer des Proxy (ProRes Proxy par exemple, très légers) stockés (et rangés) dans le cloud d’Adobe.
  • Pareil pour tous les éléments additionnels : graphiques, images, musiques dans le dossier de travail sur le cloud d’adobe, évidemment bien rangées dans les dossiers.

Comme le cloud Adobe est du type synchronisation en local, il est tout à fait possible que le monteur X dès qu’il reçoit son invitation au projet, et après les quelques minutes (heures?) de synchronisation, puisse ouvrir le projet et commencer à travailler dessus sans même avoir les natifs.

Quoi ? comment est-ce possible tel prodige ? C’est le sujet de la partie 2.

Frederick Écrit par :