Last updated on 28 janvier 2023
Ce billet n’est pas du tout sponsorisé, mais il aimerait bien.
Alors, c’est l’histoire d’une longue errance
Je ne brille pas par mon organisation. Ma mémoire à court/moyen terme me fait souvent défaut, mes notes sont éparpillées sur 5 apps, trois cahiers, et deux stagiaires. Et en même temps, je suis tech-enthousiaste, qui est le mot poli pour dire « addiction sévère aux gadgets, devrait se soigner, on attend mieux de lui au troisième trimestre« . Ces deux paramètres de vie font que je fais partie des gens qui se sont noyés sous les tonnes d’applications dites de « productivité ».
Parce que tu cherches une application de « liste à faire » (oui todolist, mais il m’a fallu quelques secondes pour trouver l’équivalent en français), et bim, tu tires le fil infini qui t’amène en première classe vers l’enfer des toxicomanes aux apps de productivité. Rencontre avec les influenceurs de méthode Kanban qui découvrent tous les deux mois une app qui a révolutionné leur productivité depuis plus d’un an. Soudain, ils s’en servent pour tout et n’importe quoi : Ré-vo-lu-tion. J’ai même souvenir d’une vidéo où le monsieur expliquait sobrement qu’il inscrivait sa routine journalière sur son app d’organisation (Notion) : « prendre le petit déjeuner », « réfléchir positivement à sa journée », « aller au water » (non je plaisante). Avec l’intelligence artificielle, ça ne risque pas de se calmer.
En voyant me débattre dans une pornographie logicielle collante, un ami m’a conseillé de suivre l’adage qui dit que pour bien s’organiser, il ne faut pas plus de deux supports (je crois que c’est Marc-Aurel qui a dit ça, mais sur le coup d’un cidre brut). À ce moment-là j’ai besoin de quoi ? Une application de prise de note rapide, accessible depuis mon ordinateur et mon téléphone (ou comme on dit chez les libristes, l’ordiphone), où je peux mettre des fichiers, des liens des images, des tâches à effectuer avec des dates; que je puisse retrouver l’ensemble, intégrer aussi ce que je peux lire sur l’internet; sans multiplier les applications, plugins (ou « plugiciel » me dit mon correcteur) et organisations tordues.
Avant de vous expliquer pourquoi j’ai fini par atterrir sur Logseq (jusqu’à la prochaine application séduisante), je vous explique le pourquoi du pas choix des autres.
- Microsoft One Note : Je l’aimais bien lui. C’est une espèce de classeur numérique où on peut mixer texte, image son sur tout, on peut dessiner, construire des pages en mode,tableau blanc. Grande liberté, mais l’application mobile très compliquée, illisible, données pas vraiment interopérables (tout ce qui se passe sur Onenote reste sur Onenote). De manière générale, les logiciels gratuits, logiciels dont on est le produit : aucune idée de ce qui se passe avec ses données.
- Trello : Ce n’est pas fait pour la prise de note, mais comme je cherchais à m’organiser, j’ai testé quand même . Beaucoup d’équipes s’en servent pour manager les tâches, les attribuer et surveiller leurs progressions. Mais impossible de créer des notes, pas très lisible sur mobile, je me suis vite fait à l’idée que j’étais incapable de l’utiliser. J’ai fini sous une couette, avec la crême glacé et une VHS de Bridget Jones.
- Google Keep : Pratique, application mobile chouette, mais impossible d’en faire autre chose que des posts-it de frigo qu’on peut partager avec d’autres utilisateurs de google.
- Notion : C’est le chouchou des productivistes et c’est bien normal. Les gars ont réussi a rendre cool les bases de données, ça mérite, un prix Nobel. C’est chouette ludique, le coup des tables est vraiment bien pensé. Je pense que les amateurs de bullet journal nagent dans un océan de bonheur avec ce système. Je l’ai utilisé pendant un an et puis, je me suis rendu compte que je passais plus de temps à le mettre en forme qu’a l’utiliser. L’app mobile est désastreuse, dure à utiliser sans connexion internet. A chaque fois que je sors mon téléphone pour écrire un note, tout était poussif, lent, inaccessible. Je l’ai quitté a regret parce que c’était quand même bien sympathique mais fait pour prendre des notes mais bien organiser des projets. Autre point négatif, impossible de gager de la confidentialité de données sur Notion, pas de chiffrement d’un point à l’autre, il est fortement déconseillé de mettre des données sensibles (si tout n’est pas sensible à un point ou un autre).
- Doist Todolist : Mon BFF à moi, le truc le plus bête du monde pour ne rien oublier. L’application mobile est merveilleuse, la version gratuite se suffit. C’est ludique, simple et efficace. Au moment où j’écris ces lignes, je l’utilise toujours. Mais on ne prend pas de notes avec.
- Evernote : Sur le papier, l’application coche toutes les cases. Tout est fluide et élégant, mais l’application me parle pas et je ne la comprend pas. Je ne sais pas si il y a trop de choses partout, mais je n’accroche pas. Peut être aussi parce que c’est un peu compliqué de profiter complètement du système dans sa version gratuite.
- Obsedian : L’outil qui clame être devenir vite votre second cerveau, repris en coeur avec de la reverb par tous les influenceurs productivité. En vrai, le logiciel est bien pensé, il propose l’écriture continue indexée. Je ne l’ai pas vraiment testé en profondeur, parce que j’ai tout de suite regardé si il existait une alternative libre fiable (réflexe à garder), et Logseq qui est appparu.
Il n’y a aucune application qui va révolutionner vos matins, seulement des applications qui les rendent plus simple si vous vous entrainez à un minimum d’autodiscipline. Mes camarades de bureau ont tendance a se moquer (assez justement) de mes recherches, vantant l’indélébile efficacité du papier et du stylo. Aucune bonne excuse à avancer sinon que j’écris très mal, je suis un faux gaucher très contrarié, que j’ai du mal a me relire et encore plus à organiser mon cahier en une seule fois (et donc en un seul cahier). Donc …
Logseq, en théorie
Logseq est une application, open-source et libre, de prise de note. Les notes s’écrivent en continu sous forme de journal, chacune est un bloc auquel on attribue une page ou un hashtag. L’interface est très simple, légère, sans fioriture.
Je comprendrais qu’a ce moment, vous cherchez discrètement à prendre la fuite de ce blog (en même temps, je ne vous vois pas partir). Résumé en Français-dans-le-texe :
Vous êtes à une table de café, les cheveux dans le vent d’une moto 125 qui vient de passer. Soudain, l’inspiration, un morceau d’idée, une pensée décousue qui ne s’apparente a rien. Que faire ? la noyer dans une gorgée ? QUE NENI, vous l’inscrivez dans votre journal, et vous y apposez un hashtag ou un nom de page : « recette sans alcool », »disquette tinder », « prix goncourt 2024 », que sais-je. Cette idée, peut être saugrenue sur le momentn est rattachée pour toujours dans un classeur d’idée.
C’est le premier temps. Ce qu’on appelle, dans la langage des « organisologues »(oui ce mot existe en 2023): la collecte ou les vendanges.
Le second temps, c’est la synthétisation.
Tiens tiens, mais ça fait plusieurs fois que je parle de ce sujet. En cliquant sur le hashtag, j’accède à la page où j’ai accès à l’ensemble des notes que j’ai écrites ces 45 dernières années (oui parce qu’en fait l’histoire est dans le futur, restez concentré). Je peux reprendre l’ensemble et synthétiser le projet.
– oh Jean denis, vous vous avez pensez a mettre ce dont nous avions parlé en 2026 par ICQ ! Mais comment faites-vous pour vous rappeler tout cela ?
– J’ai mon petit secret ** clin d’oeil **
– Embrassez-moi, jean denis
– Je ne peux pas j’ai déjà trop souffert
– Je comprends, moi aussi j’ai également des traumas non résolus.
Bon c’est un procédé qui en soit n’est pas nouveau, logseq utilise le système de page dont chaque mot peut devenir potentiellement lui-même une page sur laquelle on peut cliquer ( un peu comme wikipedia, mais un wikipedia tout seul).
Ces pages, vous y mettez bien ce que vous voulez. Votre projet, son explication, des liens vers des sites, des photos, des vidéos youtubes, des pdfs.. Tout ce qui est intégrable en soit et qui à terme sera stocké dans le dossier local de votre logseq.
Pour mieux saisir l’intérêt, le temps est venu d’expliquer concrètement comment cela fonctionne. Mais avant quelques points qui m’ont poussé a utiliser cette application :
- Il est libre et gratuit, les données sont sur votre ordinateur et sur aucun serveur. Si jamais vous soutenez le projet, ces données sont synchronisable en chiffré sur leurs serveurs.
- Vos données sont des fichiers .md qui sont dans les grandes lignes des fichiers textes. Ils seront toujours lisibles avec d’autres logiciels même si logseq arrête son développement.
- Le principe des blocs/pages (voir dans la pratique) présente une infinie simplicité et adapter sa manière de travailler n’oblige pas à des contorsions de kamasutra logicielles obtuses. Il n’y a pas mille gadgets qui viennent perturber l’expérience utilisateur, ou simplement distraire.
- Le système de journal, au jour le jour, est une proposition d’utilisation très fructueuse. Notamment, ile st grandement utile pour résumer des coups de fil (pendant où après, ça dépend de votre niveau de politesse) et pouvoir les situer dans le temps a postiori.
- Il répond au besoin de faire des todos list, de la prise de note rapide (l’application mobile est formidable), de l’agenda, de l’annotation, du dessin; importe à peu près tout type de média qu’il garde dans son dossier sur votre disque dur.
- Le système d’annotation des PDF’s, sites web, publication est formidable. Vous surligneur les contenus auquel vous voulez faire référence et logseq insère le contenu tout en gardant la trace de la source. Cela en fait un excellent support pour les journaliste, chercheurs, romancier, etc.. Tous les métiers qui nécessitent d’agréger des notes et de garder les sources (d’ailleurs il y a un comptabilité avec Zotero, le copain des thésards, TMTC, force et honneur, c’est bientôt fini).
Je sens que vous êtes un peu perdu (si si), espérons que ça se dissipe avec la pratique.
Logseq, en pratique
Comme dit un peu plus haut (mais je ré-écris pour ceux ont voulu bien légitimement zapper l’intro), Logseq enregistre l’ensemble de vos données dsur votre disque dur. Au démarrage, on vous demande où placer ces fichiers (dit « graphe »), c’est donc le dossier où tout se fera. Tout ce que vous allez joindre a votre graphe sera stocké dans l’arborescence de ces dossiers. Ca comprends aussi les images, les dessins, les sons. Sauvegardez ce dossier, mettez-le en synchro avec votre cloud préféré si jamais vous en avez un de confiance.
Le logiciel fonctionne en forme de journal. Il s’ouvre sur la date du jour. Les jours précédents s’atteignent simplement en scrollant (roulant sa molette). Il existe deux types d’objet (n’ayez pas peur) : un bloc et une page. Chaque bloc est une information : un texte (court ou long), une image, un lien Un bloc peut être simple comme être un long texte. Un bloc peut être relié à un autre bloc (parent / enfant).
Donc vous pouvez écrire une première information, saut de ligne puis « tab » et l’information suivante sera une sous-catégorie de l’information dite « parent ». L’ensemble de ces blocs sont dans une page, les dates du journal étant des pages, par défaut c’est le premier endroit où ils se trouvent. Mais vous pouvez créer des pages et écrire dedans :
Pour créer une page, il suffit de « l’appeler » en utilisant les crochets (maj + alt + 5), il est également possible d’utiliser le # devant un mot pour le transformer (mais c’est moins élégant, avouez-le).
Je suis sur mon journal en lançant l’application et je veux créer une page sur mon chien, Fallstaff (tape dans tes mains si tu as la ref). Pour cela mon bloc sera :
De là, la page est créée, et en cliquant sur falstaff (ou en la cherchant dans le moteur), j’atterris sur la page :
La page est « vide » mais nous avons en bas de page les références que j’ai faites à la page dans mon journal. Directement, je retrouve l’ensemble des références au pied de la page dite. Je peux faire un résumé de toutes ces références, mais aussi rajouter des explications et des photos.
Pour intégrer ces médias, on peut évidement glisser déposer, mais on peut aussi utiliser la commande / – Parce que oui ! En tapant / sur son clavier, on accède a l’ensemble des fonctions du logiciel. C’est une manière très simple et très efficace pour utiliser l’application sans quitter les doigts de son clavier.
Dans la partie 2 de cet article, j’expliquerai un peu plus l’ensemble des commandes qu’on y trouve. Mais dans les grandes lignes, on trouve :
- mettre en forme votre texte
- créer, incrémenté vos pages ou blocs
- insérer images, vidéos, vidéo youtube, pdf
- Créer une gestion des tâches et du calendrier
- Faire des requêtes
Alors aussi étonnant que ça cela, nous avons vu le principal de logseq. Créer des notes, créer des pages. Ensuite, il vous appartient de trouver le tag parfait de page, la manière de s’organiser au mieux pour le faire. Et pour retrouver l’ensemble, vous pouvez utiliser le moteur de recherche ou encore mettre les pages en favoris sur le côté gauche.
Mais en soi vous êtes déjà prêt à partir.
L’atout PDF
Alors, les utilisateurs de logseq me reprocheront probablement le fait que décrire cette fonctionnalité n’est pas vraiment dans les priorités du début. Mais pour répondre a la question du pourquoi doit on s’intéresser à logseq, surtout quand on est journaliste, chercheur, etc.. Il faut s’intéresser à la gestion PDF.
C’est parce que Logseq s’est fait connaitre pour une fonctionnalité assez inattendue, il est tout-à-fait possible d’intégrer un PDF dans votre journal. Et surtout, il est possible de surligner des passages pour les enregistrer.
Le surlignage crée des notes / blocs textuelles, qu’on insère directement dans notre page. L’intérêt est que ces inserts textes sont liés au PDF : en cliquant sur la citation dans votre page, Logseq renvoie immédiatement dans le PDF à l’endroit exact où la citation a été réalisée.
Grâce aux extensions pour navigateurs (chrome, firefox, brave, etc..), il est également possible de faire même chose avec des extraits de ce que vous pouvez trouver en ligne.
L’annotation dynamique des PDF et des sites web permet de constituer une page de prise de note complète, liée et lisible, qui en plus, peut être couplée avec Zotero (coucou les doctorants!). Rapidement, les pages dédiées deviennent de véritables références de travail, avec des liens sourcés et des commentaires dynamiques.
Alors, on n’est pas bien là ? A ce stade, vous devez être un peu perplexe. Oui, il ne s’agit que de prise de notre simple dans des pages, mais le fonctionnement interne permet une multitude de taches complexes pour à la fois : prendre, retrouver, rassembler ses notes, organiser un projet, organiser ses tâches et composer avec l’ensemble.
Dans la partie 2, j’essaierais de décrire un peu plus les fonctions de mise en page, la gestion des tâches et surtout un gros morceau, très mal compris par beaucoup (et à commencer par moi) : les requêtes.